Requiem for a Dream
Une semaine depuis mon arrivée à Montréal. Dieu que le temps passe vite !!! J’avais l’impression d’être ici depuis deux jours seulement. Qu’est ce qu’une semaine dans une vie après tout ? pas grand chose, mais maintenant je sais que certaines ont un goût particulier, certaines sont une sorte de brèche dans nos vies, un tournant, un nouveau départ. Sept jours peuvent vous bouleverser comme jamais, vous faire passer par une palette indéfinissable d’émotions, vous toucher au plus profond de votre âme. Ces 168 heures vous donnent l’impression d’avoir été touché par la grâce, d’avoir été tour à tour béni et maudit des dieux. Je vais vous dire que ces 10 080 secondes, je les ai vécues comme jamais, intensément toujours, éprouvantes parfois. Nul doute que l’expression carpe diem ne s’est mieux appliquée en ce qui me concerne, profite, cueille le jour, j’ai cueilli les roses de la vie cette semaine, en voici le parfum.
Je ne vais pas faire un catalogue des lieux que j’ai visités heure par heure et journée par journée, ce n’est pas très intéressant. Je vais juste vous faire partager mes sentiments par rapport à certains quartiers, à certains lieux et les réflexions qu’ils m’ont inspirées. Tout d’abord, le Mont Royal, « la Montagne », perchée au dessus de la ville, c’est un océan de verdure au cœur d’un centre urbain. Au détour de Sherbrooke et de ses buildings d’affaires se trouve l’entrée du parc, immédiatement une grand paix se dégage de ces lieux. C’est une vraie forêt avec des arbres gros , des petits, des tordus, des noueux,… La nature a tous les droits ici, l’Homme n’a fait que s’y adapter. Ces quelques arbres donnent l’impression d’avoir quitté la ville et d’être en pleine campagne en train de découvrir une clairière encore inexplorée. L’ascension est longue mais le jeu en vaut la chandelle, le belvédère du Mont Royal est l’endroit incontournable pour avoir une vue d’ensemble de la ville. Je la vois là, en bas, ce building qui paraissait immense ce matin quand je l’ai croisé me paraît soudain ridicule par rapport à un autre situé à deux pâtés de maison. Encore une fois, je m’extasie devant la beauté et l’immensité de cette grande ville. Celui qui a vu couler le Saint-Laurent par un beau matin d’été sait de quoi je parle. C’est intraduisible, une photo ne peut pas reproduire ce sentiment de plénitude qui règne là-haut sur la colline. Je crois que je suis resté une demi-heure sur le belvédère, les yeux dans le vague, dans la vague. Un petit moment rien qu’à moi, dégusté en silence presque jaloux de voir d’autres touristes me voler ce moment d’intimité avec Montréal. Etre tout seul, dans une grande ville, sans connaître personne peut être un inconvénient, mais des petits moments privilégiés solitaires permettent d’éprouver de nouvelles choses, de mieux appréhender le ressenti et l’introspection. Observer, Regarder, Ecouter, Entendre, Penser, Réfléchir, difficile de faire toutes ces choses en temps normal. S’Ecouter, s’Entendre, s’Analyser, s’Observer, voilà qui devient une nouvelle activité, un nouveau moyen d’apprendre quelque chose. Etre allongé dans l’herbe, carnet de voyage et stylo en main et écrire ses sentiments. On apprend à se livrer forcément, à qui ? à quoi ? Finalement, n’est-ce pas moi que je découvre ici ? Trêve de digressions, je voyage donc dans ce parc et j’assiste à des barbecues familiaux (dans le respect de l’environnement, précisons-le, je sais qu’une de mes fidèles lectrices y tient particulièrement), des couples se papouillant, des enfants jouant près du lac aux Castors, des fidèles assistent à une messe gospel en plein air avant de partager un grand repas. Je sors de ce parc le coeur léger pour retrouver l’agitation des rues et le vrombissement des moteurs, les oreilles encore remplies de chants d’oiseaux et d’autres plus humains.
Le quartier chinois de la ville est également une surprise. C’est une partie de la ville complètement coupée de la vie Montréalaise. On entre ici par deux grandes arches d’architecture asiatique et on assiste à un spectacle pour les yeux. On se croit en Asie, tout est inscrit en chinois, vietnamien, coréen, les restaurants servent des plats dont on ne connaît même pas le nom et dont on n’ose à peine demander la composition, les marchands vous appellent dans la rue pour venir goûter leurs spécialités, les enfants jouent partout... C’est assez incroyable ! Sorti de cette rue, je me retourne pour voir si ce que je viens de vivre est bien réel. Ça l’est tellement que j’y retourne peu après pour me promener.
La place des Arts de Montréal est située en plein centre-ville. Elle regroupe les principales salles de spectacle, les cinémas, les théâtres, les cabarets,… Montréal est en effet une ville très portée sur les activités culturelles et elle a acquis une notoriété internationale dans différents domaines. Je ne citerai pas le domaine de la chanson (bon à part Beaux Dommages, d’accord) qui a causé beaucoup de tort aux professionnels des alarmes : pensez à Céline Dion ou Natasha Saint Pierre ou encore Garou. Tu veux un truc efficace pour éloigner les voleurs, tu branches Céline Dion sur l’alarme et ils s’enfuient en courant (en France, essayez Lara Fabian, ça marche bien aussi). Moi quand je parle de la culture de Montréal, je pense surtout aux one man shows. C’est quand même de là que tout est parti pour Anthony Kavagnah et le drôlissime Gad Elmaleh. Moi je vais aller au gouvernement du Québec et je vais leur proposer de leur échanger quelques chanteurs français (Lorie, les L5, Priscilla, Patrick Fiori) contre des humoristes qui ont fait leurs preuves à Montréal. J’hésite parce que je pense aux pauvres enfants québécois qui seraient obligés d’entendre ça. En France on est habitué, il y a un gêne de résistance naturelle à la chanson qui ressemble à de la soupe lyophilisée, mais au Québec, non, des gosses peuvent devenir sourds en entendant ça, réflexe automatique, la nature est bien faite. Bon ok, j’arrête le passage « langue de pute », mais en même temps il faut bien que je déconne un peu sinon ce post serait bien trop sérieux, ça ne me ressemble pas. Je disais donc les Arts et notamment le cinéma bien sûr, je ne citerai que « les invasions barbares » et « C.R.A.Z.Y. » pour vous donner un aperçu de leur talent.
Le quartier gay de Montréal est appelé le Village, ici vit une des plus importantes communauté homosexuelle du monde. L’endroit est vraiment à part dans la ville. Le classique se marie avec l’ancien, l’Art Déco se conjugue avec des façades victoriennes, des drapeaux arcs-en-ciel flottent fièrement aux balcons, des couples sont main dans la main. Rien n’est choquant, provocant pour un montréalais mais pour un européen l’endroit peut sembler être malsain et volontairement provocateur. C’est quand je me suis baladé là-bas que j’ai compris à quel point nous avions du retard sur ce sujet. Ici, la tolérance et la liberté sont brandies comme des étendards et le respect de l’autre est une donnée essentielle de la vie montréalaise. En France, quand verra-t-on des couples gays sortir d’une église main dans la main sous l’œil bienveillant du prêtre ? En France, quand ne pointerons-nous plus le doigt vers ce qui est différent, vers ce qui fait peur, vers ce qu’on qualifie de sale et malsain ? Quand abandonnerons nous ces normes stupides et archaïques qui structurent notre société ? Ici tout se passe bien, tout se passe mieux, Montréal n’a pas connu le sort de Sodome et Gomorrhe à ce que je sache. Une autre vie est possible, tâchons de nous en souvenir. Ce discours est applicable également pour tout ce qui tient du racisme, de la discrimination et de la xénophobie. Tout ce que je viens de présenter montre avant tout la tolérance des montréalais. Ici, la discrimination raciale n'existe pas. Il y a une vraie harmonie entre les communautés, pas de getthoïsations, pas d'exclusions, pas de ségrégations. Les chinois cotoient les marocains qui cotoient les sud-américains qui cotoient les européens... Une grande harmonie existe. Il suffit de fermer les yeux dans le métro pour s'en rendre compte, on n'entend qu'un seul accent mais c'est toute une mosaïque de ce que l'humanité a de plus diversifié qui se présente devant moi. C'est un melting polt réussi. Tous les peuples, tous les âges, tous les sexes, toutes les religions sont représentés, n'est ce donc pas cela que nous appelons le cosmopolitisme? Chez nous, tout ce qui est différent nous fait peur, ici tout ce qui n’est pas différent n’est pas intéressant, n’est pas riche d’enseignement !!! I believe in diversity not in assimiliation. Diversity is wealth.
Après ce petit encart en faveur de la tolérance, voici le moment de vous parler de mes expériences de logement à Montréal. Au départ, je devais passer trois jours à l’hôtel, puis changer pour aller deux semaines dans ma résidence universitaire en avance sur la rentrée et enfin changer définitivement pour ma vraie chambre dans la résidence. Cela devait se passer comme cela. Seulement, tout s’est brouillé lorsque je suis entré dans cette fameuse résidence. Tout était sale, moche, cassé et froid. Je savais évidemment qu’une résidence universitaire n’était pas un luxe tout confort mais de là à imaginer qu’il n’y avait même pas de cuisine, et deux douches pour une vingtaine de chambres… Ce fut dès lors un grand moment de solitude et d’angoisse. Vivre huit mois ici relevait de l’impossible. De plus, le quartier n’est pas pratique du tout. Il faut marcher vingt minutes pour trouver un « supermarché » qui ne vend quasiment rien et en plus à des prix indécents. Cette vision de mon avenir me laissa perplexe et très mal à l’aise. Le lendemain, décision fut prise conjointement avec les autorités compétentes (mes parents donc) que je devais quitter cet endroit au plus vite et que je devais trouver une location en ville (je vous laisse imaginer l’intense joie qui m’a envahie et la gratitude que j’ai ressenti envers mes géniteurs…mes parents donc). Empli d’un dynamisme soudain, je me suis mis à chercher partout pour trouver un logement qui m’irait. Après de longues séances de phoning, j’ai trouvé la perle rare. The collocation, exactement là où je la voulais, proche de tout, très agréable et surtout une maison dotée d’une âme, d’une joie de vivre qui me manquait cruellement dans les résidences. Ni une, ni deux, l’affaire était dans le sac. Je vous montrerai des photos plus tard bien sûr.
Colocation
Résidence universitaire
Voilà donc le récit non exhaustif de ma première semaine montréalaise, chargée d’émotions comme je vous l’avais promis. Cette après-midi, je me suis installé sur un banc, près d’un parc (à côté de ma colocation) et en regardant doucement le soleil qui amorçait sa descente vers le Saint Laurent et je me suis dit : c’est beau la vie à Montréal !!!