With God on Our Side Mercredi 8 novembre 2006, 19h30, Centre Bell de Montréal, 16 000 spectateurs attendent la venue d’un artiste extraordinaire : Mr Bob Dylan. Mes amis, je voulais assister à un concert exceptionnel et je n’ai pas été déçu, c’était du grand Dylan que nous avons vu ce soir là. Dieu était à nos côtés.
La première partie était assurée par le non moins célèbre groupe des Foo Fighters dont je suis particulièrement fan. Le membre le plus connu s’appelle Dave Grohl et n’est rien moins que l’ancien batteur de Nirvana. Ils étaient mercredi soir en session acoustique uniquement pour chauffer la salle. C’est quand même un sacré privilège d’ouvrir le bal avant Bob Dylan quand même. Alors évidemment, cette partie était absolument géniale pour moi, j’écoute ce groupe depuis maintenant cinq ans et j’avais beaucoup aimé leur dernier album en acoustique, alors là c’était un peu la cerise sur le gâteau de pouvoir assister à deux spectacles en un. Dave Grohl est toujours aussi drôle, aussi énergique même s’il s’est assagi depuis qu’il n’est plus derrière les fûts. Une voix puissante, rocailleuse, touchante. Après avoir entonné les chansons les plus connues comme « Times Like These » ou « Everlong », Dave se lève, le groupe part de la scène le laissant seul. Les projecteurs se braquent sur lui et il commence à nous parler, il nous dit que la prochaine chanson a quelque chose de personnel. De là, il commence à exploser et à hurler son dernier titre « Best Of You ». J’ai été particulièrement frappé par la puissance émotionnelle qu’il a réussi à faire passer, j’ai été littéralement scotché à mon siège par sa voix d’écorché vif et par la force de ce qu’il a réussi à faire passer. C’est une chanson qui parle du chemin que l’on doit faire pour se sortir de situations très difficiles et qu’il faut savoir donner le meilleur de soi (Best of You) pour se libérer des chaînes qui nous retiennent. Il a même réussi à me tirer les larmes, non pas des larmes de tristesse mais des larmes de pure émotion, celles qu’on ne sent pas arriver et qui coulent sans que l’on s’en aperçoive. Bref, vous l’aurez compris, une première partie qui tenait déjà lieu de grand concert pour moi.
Ensuite, est venu celui qui tout le monde attendait depuis des mois, la légende, le poète rebelle, le dernier homme libre, Mister Bob Dylan. Tous les clichés que l’on m’avait servi sur ses concerts se sont à peu près révélés exacts. Les barrières étaient situées à dix mètres de la scène (ben oui c’est un peu un dieu vivant donc on ne peut pas trop l’approcher), il n’articulait pas du tout (il ne veut pas être pris pour un poète), il était planté derrière son piano et il n’a quasiment pas bougé de la soirée. Mais pourtant, c’est Bob Dylan, c’est l’homme qui a influencé toute une génération et qui continue encore à toucher les gens, c’est l’homme qui sans le vouloir s’est fait le porte-parole de toute une jeunesse, c’est l’homme qui a révolutionné la musique populaire, jouant avec les mots comme jouant avec les rythmes, bref une véritable légende vivante. Je m’étais replongé dans son histoire en regardant une nouvelle fois le film de Martin Scorsese « No Direction Home », retraçant l’histoire de Robert Zimmerman qui un jour allait devenir Bob Dylan. J’ai revu cette histoire formidable et voilà que j’étais devant lui, j’avais cette légende vivante devant moi, quelle sensation…quelle émotion… le concert en lui même était plutôt sympathique, enfin plutôt la partie « old times » parce que je n’ai pas très bien accroché sur ses dernières chansons du nouvel album « modern times"interprétées en live. Les moments où il a interprété « Like a Rolling Stone », « Summer Days », « Things Have Changed », « Masters of war », « Tangled Up in Blue », « All Along the Watchtower » ont été réellement géniaux et le public a suivi d’une seule voix. C’était du grand Bob Dylan. Ce qui est génial avec lui c’est qu’il arrive à changer ses chansons à chaque fois, il transforme tout, réinvente la mélodie, se réapproprie les mots. C’est surprenant car on ne sait jamais dès les premiers accords quelle va être la chanson, on est obligé d’attendre les paroles et parfois même ça ne suffit pas. Je me suis aperçu qu’il avait chanté « Girl From North Country » qui est quand même une de mes chansons préférées mais je ne l’ai même pas reconnue, c’est quand même ahurissant. Bref, vous l’aurez compris, cela a été un moment exceptionnel, je suis venu voir une légende sur scène mercredi, je suis ressorti en ayant vu Bob Dylan.