Canadian Tibs

Voici le blog d'un français exilé à Montréal pour un an! Une autre pièce du puzzle "blogger around the world" vient de se mettre en place. Entrez mes amis dans mon nouvel univers.

Monday, September 25, 2006

Forever Young



Cela fait maintenant trois semaines que je suis rentré à l’Université de Montréal. Ma première rentrée des classes hors de France, ma première rentrée dans une université, ma première rentrée sur un campus américain. Evidemment, comme cela devient une habitude depuis mon arrivée ici, tout ne s’est pas fait facilement, il a encore fallu que je me batte pour avoir ce que je voulais. Après avoir appris que je n’avais pas pris les bons cours correspondant à ma section : « Comment ? Personne ne vous a dit qu’il fallait prendre ces cours là ? Comment personne ne vous a donné d’informations en France ? Comment vous n’avez pas les bons papiers ? » Bref, une fois encore, la communication avait été d’une rare efficacité entre les administrations et nous moi le pauvre étudiant, j'ai payé les pots cassés. J’ai donc galéré une bonne semaine pour pouvoir m’inscrire à n’importe quel cours pour être reconnu comme étudiant à temps plein et ainsi avoir rapidement ma carte d’étudiant et bénéficier des avantages qui vont avec (oui, moitié prix sur les transports en commun, ça se prend). Après cela, le jour même de la rentrée, je ne savais pas quel cours j’allais avoir, j’étais bien lancé sur le chemin freestyle, pourquoi m’arrêter en plein milieu dis donc ? Après négociation avec les autorités compétentes, j’ai enfin pu obtenir des cours qui m’intéressaient. Donc, quatre cours pour cette première session : Enjeux Politiques en Afrique, le Système Politique de la Russie, un cours sur la Chine et un cours de sociologie sur la notion de la culture. Ce qui est assez appréciable, c'est que je n'ai cours que le lundi mardi et mercredi. Donc c'est vraiment bien pour pouvoir profiter de la vie ici. Bref, tout cela est assez intéressant. Je profite de cette année pour choisir des cours me permettant d’apprendre des choses vraiment spécifiques que je ne pourrais pas avoir en France. Cette année, je me suis donc tourné principalement vers la géopolitique. Enfin, je peux avoir un cours assez clair sur l’histoire de la Chine et le fonctionnement de ses institutions, sa stratégie dans les relations internationales,… Avoir un aperçu de la réalité africaine et pouvoir me débarrasser de mes préjugés en grande partie infondés sur la politique en Afrique (non ce n’est pas un continent unique, l’Afrique est plurielle, l’Afrique, c’est une autre manière de faire de la politique, non ce n’est pas seulement un climat de violence, de corruption et de coups d’état permanents !!!).Bref, tout cela est pour l’instant assez passionnant. En plus, les profs sont réellement investis dans leur matière, on sent qu'ils sont passionés et cela rend le cours d'autant plus attractif. Mon professeur de "La Chine" a vécu dix ans là-bas et il était sur la place Tien An-Men en 1989, mon professeur d'enjeux politiques en Afrique vient du Niger, il a donc une opinion interne. On les sent vraiment engagés.

Le gros batiment qui ressemble à un phallus, c'est l'immeuble principal, celui des "gens sérieux" c'est à dire des scientifiques.

Maintenant je vais vous raconter la rentrée des classes dans une université américaine. Tout d’abord, il faut savoir que l’Université de Montréal est la deuxième université du Canada en termes du nombre d’étudiants. Nous sommes environ 50 000 élèves. L’université est vraiment immense, elle couvre trois stations de métro et les locaux sont vraiment impressionnants. Il y a soixante départements différents, les scientifiques sont comme d’habitude les plus privilégiés, ils ont le plus grand pavillon alors qu’ils ne sont pas les plus nombreux. En plus, ils sont vraiment à la pointe de la technologie, il y a un accélérateur de particules dans les sous sols et il paraît même que la bombe atomique aurait été conçue ici durant la seconde guerre mondiale par Einstein et ses copains chimistes. Ce ne sont pas des conneries, il y a des parties des sous sols qui sont condamnés et classées top secrets. Moi, je fais partie de la Faculté des Arts et des Sciences, on est 6 000 dans un bâtiment moche en briques rouges (mais pas irradiée… je rigole rassurez-vous… et puis en même temps eul’ brique rouge, ça rappelle des souvenirs). Il faut donc vous imaginer une rentrée des classes avec 50 000 étudiants. Le matin, le métro est bondé, les bus sont saturés, les parkings débordent littéralement. C’est incroyable, tant de personnes se rendant au même endroit pour étudier. J’ai vraiment eu l’impression d’être une fourmi dans toute cette masse et j’ai quasiment eu un début d’agoraphobie. On se sent tout petit face à ces groupes informes, une petite chose insignifiante,…

Aperçu d'un matin ordinaire dans le métro de Montréal, sur la ligne de l'université (ici arrêt Université de Montréal)

Les cours sont en général assez différents de ce qu’on connaît en France. Ici, on fait une grande (très grande) place au travail personnel. Les cours ne sont pas des leçons magistrales où le professeur anone en lisant ses notes (au mieux le bouquin qu’il a écrit). Ici, une grande place est faite au dialogue et à l’interaction. Les cours sont alors beaucoup plus vivants et les élèves plus décomplexés face aux professeurs. Voilà une bonne leçon pour le système français, c’est un concept à importer. Donc, les élèves interviennent n’importe quand et souvent pour n’importe quoi. Leurs questions sont assez bizarres des fois et ne mènent quelques fois à rien mais les profs répondent quand même. Exemple : « S’il te plaît, tu peux tu m’expliquer comment les nomades touaregs ont pu traverser les frontières entre la Namibie et le Niger avant qu’elles existent ? » Voilà le genre de questions débiles, c’est limite si j’allais lui dire qu’elle avait sa réponse dans la question, ben oui, si la frontière n’existe pas, tu passes comme tu veux… Bref . On est plus encadré qu'en France et c'est un peu génant parce qu'on ne peut pas vraiment faire ce qu'on veut. Il faut faire ses devoirs chaque semaine sinon on c'est paaaaaas bien, bouh le vilain il a pas fait ses devoirs... Je me suis également rendu compte qu'en France on réflechit beaucoup trop et on se pose trop de questions. On est vraiment complexé, on a toujours peur du jugement des autres. Ici, ce n'est pas un souci, les questions sont vraiment simplissimes et ça ne fait pas forcément avancer le cours mais on comprend un peu mieux. Par exemple, en sociologie j'avais un travail à rendre, on avait cinq questions sur des textes à lire. Moi, j'ai répondu en long en large et en travers, j'ai cherché des réferences, j'ai cité des auteurs, j'ai devéloppé mes arguments au maximum. j'ai fait comme en France, mais en fait le prof a corrigé ma copie et m'a dit que certes c'était bien mais que trois lignes auraient suffi pour répondre... Grrr, moi qui avait gratté deux copies doubles... Sinon, on tutoie les professeurs ici, ça fait assez bizarre mais on s’habitue très vite. J’ai testé « ça t’embêtes si je te rends mon travail demain ? » voilà c’est très drôle mais en même temps c’est étrange car on désacralise la figure du prof. Il n’est plus au dessus de nous. Il est juste comme un guide, quelqu’un qui va nous aider. C’est assez agréable finalement. Ce qui est vraiment bien aussi, c’est que les profs reflètent la société québécoise, ils sont vraiment cools par nature et très différents les uns des autres. J’ai un prof africain (mélangeant allégrement accents africain et québécois), une prof chinoise,…Donc, le travail ici est très différent, il y a beaucoup de lectures à faire avant d’aller en cours (mes camarades de Human Rights in International Relations savent de quoi je parle, il faut juste l’imaginer multiplié par quatre cours). Et comme les professeurs ici sont très respectueux de la loi, on doit payer notre recueil de texte qui n’est en fait qu’un gros bloc de photocopies. En fait, en France, on fait la même chose, les profs photocopient les livres et nous les donnent, il pourrait y avoir des manifestations si les profs imaginaient nous faire payer des pauvres photocopies !!! Ici, non on respecte les droits d’auteur et on est obligé de payer de trente à cinquante dollars pour un recueil. C’est quelque chose qui m’a beaucoup frappé ici : le grand respect de la loi : en France, tout ce qui n’est pas interdit est autorisé, au Canada, tout ce qui n’est pas autorisé est interdit. Ça change quand même pas mal de choses. Et surtout que ça devient assez embêtant de toujours payer, c’est limite si le plan de cours n’est pas payant ou si le prof ne demande pas un pourboire à la fin du cours (n’oubliez pas le guide). L’université gagne énormément d’argent, les droits de scolarité sont exorbitants et tout le monde ne peut pas se permettre d’étudier. Mais ce qui est sûr, c’est que les gens sont motivés pour bosser à fond, tu m’étonnes à 5 000$ la session… sans compter les frais d’inscription, l’assurance médicale, les livres, le logements,… ici, on paye pour prendre un cours, plus on en prend, plus on paye cher. Le pire dans tout ça, c'est que ça laisse pas mal de personnes sur le carreau ou alors ça oblige les étudiants à trouver une job à côté (oui ici , on dit une job). Ca leur fait des journées très dures. Alors évidemment quand on leur explique que nous on ne paye rien , ils sont un peu jaloux.

Dans l'ordre: la faculté des Arts et des Sciences, la bibliothèque (avec ses vrais livres et ses sept étages, ça change d'un certain IEP, ma salle de cours sur la Chine à la pause.

Sinon, avoir de l’argent c’est bien également. Les locaux sont vraiment bien équipés. On a des vrais fauteuils à roulettes dans les salles (comme une chaise de bureau de PDG), les salles ont toutes un système de vidéo-projection avec un écran de cinéma adapté, les cours sont tous projetés sur powerpoint, il y a des conférenciers qui viennent exprès

pour nous (Mr Descolas du collège de France pour mon cours de sociologie, Mme Li de l’Université de Pékin pour mon cours sur la Chine, un historien du Sénégal pour mon cours sur l’Afrique). Bref, les équipements sont vraiment bons. Tout cela sans parler du centre sportif que j’adore personnellement. Il est génial, énorme et gratuit (cric cric). Il y a tous les sports imaginables : football, soccer, volley, baseball, hockey, hand, basket, squash, tennis, badmington, golf, piscine olympique, sauna, salle de muscu,… Bref, c’est le pied, j’essaie d’y aller deux à trois fois par semaine pour en profiter au maximum. Je me suis remis à la natation et j'avoue que c'est assez agréable de pouvoir nager quand on veut et profiter de toutes ces installations. Surtout quand on sait qu'à la fin de la séance, un bon jacuzzi m'attend.

Donc voilà un petit aperçu de ma nouvelle vie étudiante. Pour l’instant, pas trop de contacts avec d’autres étudiants parce que c’est assez difficile de lier connaissance mais je ne doute pas que ça va s’arranger bientôt. Les québecois sont certes ouverts à la conversation mais ça ne va jamais très loin. Ce n'est pas parce que vous parlez avec quelqu'un qu'il va forcément vous reparler la semaine suivante. Finally, vous avez donc un petit aperçu supplémentaire de la différence d’échelle qui existe ici. Huge !!! Enorme !!! Tout est plus grand, tout est plus impressionnant, même une simple rentrée des classes, back to school !!!

3 Comments:

Anonymous Anonymous said...

a quand les photos du quaterback et des pom pom girls ??... lol ... tu sais on décrit tous notre truc en disant .."c'est très différent ici !", "wi c'est bizarre .. ici on tutoie le prof" ou "oh .. c'est bizarre ici les profs sont sympas .." .. en fait je crois qu'on devrait plutot dire que CHEZ NOUS c'est différent .. douce France cher pays de mon enfance .. enfin a sce po .. on paie pas les poly .. on imprime tout à la salle info !! ça a du bon quand même .. jajaja ..

12:01 AM  
Blogger Arthur said...

Hum...
Excuse-moi mais ces salles de cours soi-disant modernissimes ne ressemblent ni plus ni moins qu'a n'importe quelle salle de cours... Et il faudra m'expliquer ou sont les fauteuils de PDGs ! Une bete chaise en bois c'est un fauteuil de PDG dans le Nouveau Monde ?? Sacres quebecois ! ;-)
En tout cas c'est un grand privilege que d'avoir ce charmant apercu de ton atelier de travail, ainsi que de ce visage rejouissant qui est le tien face a la tache a accomplir (...) !
Ce qui est rigolo c'est ce truc commun a tout le Nord americain : la gentilless de prime abord, et la sensation qu'on va creer des liens, alors qu'en fait c'est vachement dur d'aller plus loin que "Bonjour" ou "Merci"... A moins de trainer sur la plage bien sur :p
Enfin bref, cet article universitaire me ferait presqu'envie... "Presqu'" j'ai dit. De toutes facons je suis sur que c'est juste parce que tu ecris bien que ca me fait "presqu'envie"; en vrai je suis tres content de ne pas avoir cours pendant un an. Je crains d'etre incommensurablement bete au retour face a vous tous qui etes partis en fac, mais c'est pas grave :)
Last, but not least : choisir des titres de chansons pour intituler chaque article c'est bien, mais etant au Quebec je te mets au defi de mettre des titres de chansons quebecoises un peu plus souvent... ce serait mieux.
Sinon tout baigne.
Gros becs !

12:41 AM  
Blogger Biboo bat des ailes said...

Cher Tib, un court commentaire à l'occasion d'un retour à la technologie (ici les cafés ont quasiment tous le wifi, y'a qu'en France qu'on est si arriéré!) Bref, encore beaucoup de bonheur à la lecture de ton article. Je n'ai pas vu les chaises de PDG non plus mais bon, je te crois sur parole! Tout comme ce cher A, j'ai pu un instant être grisée par ta douce prose et envier un instant ton universitaire de vie, mais un instant seulement! Je file, j'ai un ciné dans 20mintes!
Zoubi darling. See U

1:23 PM  

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